HAUT-PARLEUR PHILIPS 2003

Radio - Musique

  • Fabricant : Philips ; Louis Kalff (designer)
  • Date : c. 1927
  • Lieu de création : Pays-Bas
  • Matières et matériaux : Bakélite chargée en poudre de bronze

L’EMBLÉMATIQUE “PLAT À BARBE”

Le haut-parleur Philips 2003, sorti en 1927, est un modèle emblématique de l’histoire du design industriel et de la technologie audio.

Il se distingue notamment par son design surprenant mais très apprécié. Surnommé « plat à barbe » ou « soucoupe volante » cet objet dessiné par Louis C. Kalff, est innovant tant par sa forme que par le matériau utilisé. Le Philips 2003 est en effet l’un des premiers haut-parleurs fabriqués en bakélite, un plastique dur, moulé, isolant et économique, souvent utilisé pour imiter l’ambre. Les pigments et la poudre de bronze utilisés pour le colorer étaient introduits aléatoirement dans la pâte, faisant de chaque exemplaire une pièce unique avec ses propres motifs.

Attiré par son esthétique singulière, ce modèle a été acheté en brocante par Matthieu, sans savoir qu’il s’agissait d’un haut-parleur, ni qu'il devait être acheté avec la boîte noir posée à côté sur le sol : la Radio Philips 2514 (voir note), souvent associée à ce modèle. Elle a été acquise quelques années plus tard, pour compléter l’ensemble.

Ce haut-parleur électromagnétique a existé en trois dimensions différentes (grand : 2007, moyen : 2003, petit : 2015). L’exemplaire de la collection Chauvin est de taille moyenne et fait environ 40 cm de diamètre.
Son moteur est solidaire de la partie centrale convexe et le son est réfléchi par la grande parabole concave. La prise à trois fiches à positions interchangeables fixée sur le cordon de liaison permet d'obtenir 3 impédances différentes : 500, 1500 et 2000 ohms, pour l’adapter aux caractéristiques électriques de différents appareils.

Sa production industrielle à l’échelle internationale - puisque Philips est une marque néerlandaise - a contribué à la démocratisation de la radio, en faisant de cet ensemble un objet domestique accessible et élégant.

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Publicité Radio Philips 2514 – "Une prise de courant et... c'est tout" - © René Vincent (c. 1930)

Le “Plat à barbe” Philips 2003 est aujourd’hui reconnu comme un objet de collection et est exposé dans des musées tels que le Centre Pompidou à Paris, témoignant de son importance dans l’histoire du design et de la technologie audio. Il trouve ainsi naturellement sa place dans la collection Chauvin, comme objet de la vie domestique des années 1920.

UN DESIGN DE LOUIS C. KALFF

Le design de ce haut-parleur, qui a tant séduit Matthieu, a été conçu par Louis C. Kalff (1897–1976). Considéré comme l’un des pionniers du design industriel du XXe siècle, Louis Christiaan Kalff est un concepteur graphique néerlandais ayant étudié le design d’objet, la sculpture, la céramique et l’architecture.
Le design industriel, défini comme une discipline visant à créer des objets à la fois fonctionnels et esthétiques, prend tout son sens dans son travail. En 1924, Kalff est embauché chez Philips après avoir envoyé une lettre au directeur de l’entreprise, affirmant que les campagnes publicitaires de la marque manquaient de modernité.
Il devient rapidement responsable des départements publicité et direction artistique, et participe notamment à la création du logo emblématique de Philips. Outre les campagnes publicitaires, il intervient également dans le design de certains produits, comme ce haut-parleur ou la lampe Z des années 1950.

L’HISTOIRE DES HAUTS-PARLEURS

Alors que l’origine de la radio relève avant tout d’un besoin de communication, reléguant volontiers la qualité sonore au second plan, l’évolution des haut-parleurs raconte quant à elle la quête, toujours inachevée, de la perfection audio.

La naissance du haut-parleur remonte au début du XXe siècle, avec le haut-parleur à pavillon. Inspiré par un appareil inventé au milieu du XIXe siècle, le phonautographe d’Édouard-Léon Scott de Martinville – premier dispositif capable d’enregistrer des sons – le haut-parleur à pavillon est une invention attribuée à Thomas Edison. Entièrement acoustiques, ces premiers dispositifs agissent comme des « amplificateurs mécaniques des sillons des disques de phonographe ».

Le principe est relativement simple : le phonographe utilisait une aiguille pour lire les sillons gravés sur un disque. Les vibrations de l’aiguille étaient transmises à un diaphragme métallique, qui vibrait à son tour pour produire un son. Pour amplifier ce son, on y ajoutait un pavillon. La forme de ce dernier était cruciale, car elle déterminait l’efficacité de l’amplification, influençant à la fois le volume et la clarté du son. C’est le même dispositif qui est utilisé pour le Pygmophone Bing (voir note).

L’arrivée de l’amplification électrique marque un tournant décisif dans l’histoire du haut-parleur. Dans les années 1920, les premières versions électriques des haut-parleurs à pavillon font leur apparition. Cette avancée technologique ouvre la voie aux haut-parleurs à bobine mobile (une sorte d’électro-aimant), développés par Chester W. Rice et Edward W. Kellogg à la fin des années 1920.
Contrairement aux modèles à pavillon, ces nouveaux haut-parleurs n’ont plus besoin d’un amplificateur mécanique. La membrane vibre directement dans l’air, ce qui permet des designs plus compacts. Cette technologie utilisée par Philips pour le haut-parleur « plat à barbe », a permis d’atteindre une bonne efficacité sonore sans pavillon, le rendant plus adapté à un usage domestique généralisé.

Sitographie & Bibliographie